Ça fait longtemps que j'ai envie d'écrire cet article sur le poids, sa régulation naturelle et la fâcheuse tendance sociétale à y associer la valeur intrinsèque d'une personne à travers le contrôle mental qu'elle exerce sur son alimentation et son activité physique.
Aujourd'hui 6 mai, la journée internationale sans régime me paraît un belle occasion de me lancer.
Le poids (et le poids de la norme)

Dès la naissance une attention particulière est posée sur le poids. On communique le poids de naissance sur les faire-part comme un gage de bonne santé, on s'inquiète ensuite de son évolution, d'abord en se demandant si le bébé mange assez (on est alors plutôt rassuré qu'il prenne du poids), puis les pédiatres et médecins sont parfois très attachés à ce qu'il évolue bien dans les courbes du carnet de santé (ils s'inquiètent surtout quand il s'approche de la ligne supérieure).
Poids et santé

Les articles scientifiques reliant poids et santé parlent d'IMC, indice de masse corporelle (calcul mathématique divisant le poids en kg par la taille en m2). Ils étudient, pour une population, des liens entre le poids et la mortalité et la survenue de maladies. Cependant, depuis des années, des études montrent que l'obésité est complexe et plurifactorielle, que la masse grasse est problématique selon sa localisation, que les variations de poids répétées sont plus nocives pour la santé qu'un poids stable supérieur à la norme. Même la haute autorité de santé a revu ses recommandations en matière d'accompagnement de la personne en surpoids ou obèse. On désacralise l'IMC, on parle de sensations de faim, de rassasiement, d'émotions, mais aussi d'apports caloriques à réduire, un peu...
Une personne en obésité morbide peut être en excellente santé et lui donner l'injonction de perdre du poids dans un objectif de prévention de sa santé peut la faire grossir. Cet exemple est l'expérience d'une de mes patientes. Comme beaucoup d'autres, un médecin lui a dit de perdre du poids. Comme d'autres, il ne lui a pas donné de conseils pour le faire. Comme d'autres, il a estimé que faire plus de sport et manger moins allait de soi et comme d'autres, il lui a donné un sentiment de honte en lui faisant sentir qu'elle manquait vraiment de volonté car elle n'a pas maigri, elle a grossi (après beaucoup, beaucoup de privation et de frustration) .
Oui, du point de vue médical, une perte de poids, qu'elle que soit la façon de l'obtenir, va améliorer les constantes biologiques et la tension artérielle... mais à court terme seulement.
Poids et beauté

Selon les époques, les standards évoluent. Des peintures d'un autre siècle valorisant les corps ronds comme des symboles de beauté et de fertilité, on passe aux mannequins maigres et pour autant encore retouchés et filtrés sur les réseaux sociaux tout en prescrivant des pertes de poids pour des femmes souhaitant recourir à une PMA (procréation médicalement assisté).
L'illusion du contrôle
Que ce soit pour la santé ou pour la beauté, nous sommes enrobé.e.s de cette restriction cognitive, chez le médecin, en famille, entre amis, entre collègues... Partout circule cette pensée (magique) que le poids peut être contrôlé mentalement à force de volonté, en modelant sciemment son alimentation et son activité physique, en suivant toutes sortes de règles : manger (ou ne pas manger) un certain type d'aliments, à une certaine heure, dans un certain ordre, en les mélangeant (ou pas), en prenant des compléments alimentaires, en faisant un certain nombre de pas, etc...
La liste est infinie et continuera à s'allonger. Car malgré les études prouvant l'inefficacité voire la dangerosité des régimes (cf rapport de l'ANSES datant de 2010!!), ils continuent de fleurir... et rapportent beaucoup d'argent.
On peut dire aussi qu'ils nous rassurent, c'est notre zone de confort, on connait bien et à chaque fois ça marche, au début. Mais n'est-pas la définition de la folie de faire toujours la même chose en attendant un autre résultat, comme le disait Einstein?
On remet en cause notre volonté à bien faire, à aller jusqu'à la phase de stabilisation et on ne remet pas en question le régime en lui-même qui nous fait grossir par 2 processus :
- biologique : le corps privé de calories se met en mode "survie" pour résister à la famine, il dépense moins de calories et les stocke plus
- comportemental : les envies de manger sont influencées par la restriction cognitive et on a tendance à manger plus de calories, tout en n'en tirant aucun plaisir (en culpabilisant, en s'inquiétant).
En cabinet, je fais souvent la comparaison de notre régulation naturelle du poids à celle de la température corporelle. Se préoccupe-t-on de comment notre corps s'organise pour réguler notre température corporelle? Prenons-nous un thermomètre chaque matin pour vérifier que notre température est bien à 37°C? S'inquiète-t-on d'aller vers de la fièvre lorsqu'il indique 37,3°C ou une potentielle hypothermie à 36,8°C? Si nous mettions en place un contrôle mental pour contrôler notre température comme nous contrôlons notre poids avec des régimes (par exemple, en allant respectivement sous la douche froide ou sous une couverture chauffante dans ces cas), on verrait certainement un impact à court terme de ces actions mais aucun dans la durée. Au contraire, en s'acharnant à répéter ces actions de contrôle mental, on perturberait le corps qui ne saurait plus bien réguler sa température dans ce milieu rendu "hostile".
Un régime, c'est ce qu'on fait dans l'intention de maigrir. On voit beaucoup de régimes passer qui n'en ont pas le titre : on peut parler de rééquilibrage alimentaire, de psychonutrition, de jeûne intermittent et même d'alimentation intuitive... Si le focus est mis sur le poids avec un objectif à atteindre, alors c'est un régime.
Et si les régimes ne fonctionnent pas, qu'est-ce qu'on peut faire pour perdre du poids?
un autre point de vue...
Pourquoi mes patient.e.s souhaitent perdre du poids? Car ils pensent qu'ils seront alors heureux, que leur corps tel qu'il est les empêche d'accéder au bonheur. Pourtant, ils ont souvent déjà été à leur poids "objectif", étaient-ils plus heureux alors? Bien souvent, ils étaient déjà dans un désir de perte de poids, ce qui les a menés au cercle vicieux des régimes et leur yoyo pondéral (ascendant).
In fine, le désir est surtout de se sentir bien dans son corps, bien dans sa peau, bien dans sa tête. Si on s'épargne ce focus inadapté sur le poids, on peut se concentrer sur ce qui a un impact direct sur notre ressenti et nous apporte du plaisir : manger et bouger!

Formée à une approche bio-psycho-sensorielle du poids et du comportement alimentaire, je vous accompagne vers un comportement intuitif, vous permettant d'être connecté.e à vos besoins physiologiques.
Votre boussole est votre plaisir sensoriel.
Votre corps sait réguler naturellement ses besoins en calories, en nutriments et même ses émotions grâce à votre comportement alimentaire débarrassé de sa restriction cognitive et reconnecté à votre ressenti (voir mon article sur l'alimentation intuitive).
Alors participez à ce mouvement militant et oubliez les régimes aujourd'hui... et demain!
Si vous ressentez le besoin de vous faire accompagner, n'hésitez pas à me contacter.